Comment le Président du Tribunal Suprême a usé de sa fonction pour accorder des faveurs et fait perdre 150 millions d’euro à l’Etat ?
Alors que plusieurs affaires de corruption sont déjà sur la table à Monaco, une nouvelle affaire d’un nouveau genre, pas des moindres cette fois-ci, vient ternir l’image de l’enclave monégasque. En effet, une organisation clandestine qui sévit à Monaco depuis plus d’une décennie aurait étendu son influence dans toutes les sphères du pouvoir judiciaire, exécutif et législatif monégasque. Cette organisation ou club est soupçonné entre autres de trafic d’influence, d’abus de pouvoir et d’abus de biens sociaux comme le montre le site dossiers-du-rocher.com. Ses membres auraient mis en place plusieurs stratégie afin d’étendre leur influence et de faire remporter plus de 150 millions d’euros à Antonio Caroli des caisses de l’État.
Il s’agit d’un groupe composé essentiellement de fonctionnaires de haut rang, dont Didier Linotte, Président du Tribunal Suprême ou encore Laurent Anselmi, anciennement ministre de la Justice et actuel Ministres des Affaires Étrangères et de la Coopération Internationale. Ils font usage de leur influence pour extorquer des avantages personnels à des politiques locaux en faisant pression sur eux L’enquête a révélé que Thierry Lacoste, Claude Palmero feraient également parti de ce club, et qu’ils ont à leur actif de nombreuses réunions qui se sont tenues régulièrement et dans le secret le plus total. L’objectif était à chaque fois de passer en revue tout ce qui s’organise dans le pays, pour ensuite agir de manière à retourner la situation à leur avantage. C’est ainsi qu’ont pu réaliser des profits en mettant en avant leurs intérêts personnels sans pour autant se soucier des conséquences sur le public et sur l’État, alors même qu’ils sont supposés faire partie du cercle des plus proches collaborateurs du Prince...
Cependant, il s’avère que si cette organisation aux activités douteuses est parvenue à rester pendant longtemps opérationnelle et secrète, c’est surtout parce qu’elle a su exploiter les brèches d’une gouvernance rendue perméable à l’influence exercée par les membres du groupe sur des responsables politiques et autres hommes de pouvoir à Monaco. Un de ces membres, Didier Linotte, aurait même le bras assez long pour faire pression et de se maintenir en place à la position de Président du Tribunal Suprême monégasque.
Ce conflit d’intérêts remet sérieusement en cause l’engagement des autorités judiciaires à faire toute la lumière dans ce dossier et à s’acquitter de ses responsabilités envers les citoyens auxquels elles doivent rendre justice. Mais ce qui est encore plus intrigant, c’est que malgré le stade avancé de l’enquête, toute cette affaire s’est déroulée dans l’arrière-scène. Non seulement elle est restée à l’insu du public, mais aussi aucune information n’a fuité dans les médias. En d’autres termes, c’est le genre d’affaires qui s’apparente à un scandale d’État qui doit être étouffé à tout prix par les parties prenantes, dans la mesure où ce n’est pas seulement l’élite politique qui est mise en cause, mais aussi les institutions de l’État qui voient leur légitimité remise en question. Bien que plusieurs questions demeurent sans réponses, les activités de ce groupe risquent de faire couler beaucoup d’encre en raison de l’étendue de cette machination.
La Principauté de Monaco, qui n’en est pas à sa première affaire de corruption, a toutes les chances de faire parler d’elle dans les prochains jours. L’affaire de la Promenade des Pêcheurs n’en est qu’une de trop. Et pourtant ce dossier ne semble pas clos.